Octobre 2023
« Cela fait 9 ans que j’ai un lien avec L’Arrêt-Source. J’ai travaillé pendant 4 ans comme intervenante en maison d’hébergement de 1re étape (hébergement collectif, 9 places). Par la suite je suis devenue intervenante sur appel afin de faire des remplacements.
Désormais, cela fait plusieurs mois que je travaille au service de post-hébergement de L’Arrêt-Source. Les femmes que l’on accompagne dans ce service sont des femmes qui ont quitté les hébergements de L’Arrêt-Source, elles ont par exemple trouvé un autre logement qui correspondait à leur besoin, mais souhaite toujours de l’accompagnement. Parmi les femmes il y en a qui, quelques années après leur passage dans nos maisons d’hébergement, continue de faire des suivis ou demande de l’aide de manière ponctuelle. Notre porte est toujours ouverte pour elles.»
« À la base, j’ai un baccalauréat en criminologie. Il y a deux branches principales en criminologie, il y a l’analyse des comportements délinquants et l’accompagnement des victimes. C’est l’accompagnement des victimes qui m’intéressait le plus à ma sortie d’étude, notamment l’accompagnement à long terme. »
« J’ai choisi de faire ce métier parce que j’ai envie d’accompagner les femmes dans leur quête à aller mieux. Ce qui m’anime principalement, c’est de sentir que je peux aider, qu’être présente dans des moments difficiles de la vie des femmes ça contribue à les soutenir dans leur quête de mieux-être. L’intervention c’est aussi être capable d’orienter vers les services les plus adaptés, guider les femmes vers la forme de soutien qui leur sera le plus bénéfique selon les besoins qu’elles expriment et les problématiques qu’elles rencontrent, ça fait une différence concrète dans leur vie. »
« J’ai fait le choix de travailler auprès des femmes parce que je me sens concernée en tant que femme, en effet au quotidien on peut être confronté à plus de violences que les hommes, on l’expérimente régulièrement dans la société et nos histoires personnelles peuvent aussi être empreintes de violences.
Malheureusement il existe de multiples formes de violences, qui sont très différentes les unes des autres, je pense aux violences familiales, institutionnelles, conjugales, etc., je veux accompagner les femmes qui y font face. »
« J’ai travaillé dans plusieurs maisons d’hébergement, mais je travaille à L’Arrêt-Source, j’y reviens toujours parce que c’est de l’accompagnement à long terme qui est offert et que l’on aide les femmes dans leur quotidien. Quand j’ai découvert L’Arrêt-Source, cela correspondait à mon objectif de travailler sur la gestion des émotions, sur l’accompagnement vers des objectifs de vie, sur l’accomplissement d’objectifs professionnels pour les femmes, tout en étant en milieu de vie, c’est-à-dire dans le quotidien des femmes soutenues.
Je crois fortement aux approches d’intervention utilisées par L’Arrêt-Source. Je vois réellement au quotidien l’impact positif de l’accompagnement offert aux femmes. En travaillant avec elles avec ses approches, nous les accompagnons pour qu’elles apprennent à être plus autonomes, à prendre leurs décisions, tout en respectant leur choix de vie et leur rythme. Elles ne sont pas prêtes à travailler sur leurs comportements et sur leurs émotions au même moment, alors on s’adapte, c’est tout l’intérêt de l’accompagnement personnalisé à long terme.
Je trouve aussi qu’à L’Arrêt-Source nous offrons un milieu de vie chaleureux et vraiment accueillant. Personnellement je trouve que ça fait une différence d’habiter dans une maison bien décorée, bien entretenue, ça contribue au fait de se sentir bien et en sécurité. Même si cela implique des dépenses et un coût financier important en tant qu’organisme, on a toujours accordé cette importance pour nos maisons d’hébergement à L’Arrêt-Source.»
« Au post-hébergement, on s’adapte aux besoins des femmes. Selon ce qu’elles expriment, je vois certaines femmes pour un suivi régulier, chaque semaine par exemple. On peut se rencontrer en personne, à leur domicile, par téléphone ou même par zoom. J’ai aussi beaucoup d’échanges pas messages textes et des appels, notamment pour celles avec qui je n’ai pas un suivi régulier. Cela permet aux femmes de rester en contact avec quelqu’un de confiance et parfois de nous donner des nouvelles. »
« Ce que je vois en travaillant auprès des femmes violentées c’est qu’il manque encore des services, notamment pour les femmes avec certaines problématiques ciblées. Il n’y a pas beaucoup de places pour les femmes qui sont seules, sans enfants et les places en hébergement à long terme manquent vraiment aussi.
Il y a beaucoup de gens qui sont interpellés par la cause, mais cela n’empêche pas les difficultés de financement des organismes. »
« Oui, j’en vois beaucoup ! La première chose que j’ai observée au fil du temps, c’est le développement de la capacité d’introspection des femmes. On peut voir, parfois quelques années plus tard, qu’elles ont plus la capacité d’avoir un jugement et une analyse de la situation à laquelle elles font face. Elles font aussi preuve de beaucoup de débrouillardise.
Et puis, certaines femmes, après avoir connu L’Arrêt-Source, jouent à leur tour un rôle de référence pour d’autres femmes, ce sont elles qui font connaître L’Arrêt-Source aux femmes qui en ont besoin. Il y a une transmission, ça ruisselle, le soutien, les connaissances et l’information se transmettent entre femmes. »
« Je pense que ma plus grande fierté c’est d’avoir réussi à créer des liens sécures avec certaines femmes accompagnées. Ce n’est pas facile de créer ce lien et de le développer, alors lorsque l’on arrive à être une référence de confiance, de soutien et d’écoute, que l’on devienne un souvenir positif pour les femmes, c’est une véritable fierté. »
« Je pense que le plus difficile, c’est de voir la souffrance intérieure que certaines femmes portent et l’accumulation des traumatismes qu’elles ont vécus. L’ensemble de ces traumatismes va demander du temps, beaucoup de temps et de travail de la part des femmes avant d’arriver à une forme de paix intérieure, à une vie fonctionnelle dans la société c’est-à-dire avec un emploi qui leur correspond, qui leur permet de vivre décemment, une inclusion sociale, à créer des liens amicaux bienveillants, etc. ».
« Comme je le disais, le financement des organismes est nécessaire pour permettre d’offrir des services de qualité tout au long de l’année, alors faire un don c’est essentiel.
Je crois aussi qu’être ouvert à la discussion avec des gens qui travaillent sur le terrain, en intervention, pour développer ses connaissances, c’est déjà un premier pas. Ça permet aussi de conscientiser les normes genrées dans lesquelles on évolue et de développer un sens critique par rapport à la réalité de notre société.
Et puis, pour celles et ceux qui sont intéressés par l’intervention qui ont l’énergie pour faire ce travail, qui n’est pas facile, il faut le reconnaître, n’hésitez pas à vous former, car le relais sur le terrain est nécessaire.
Et puis, c’est important de porter les besoins et réalités de l’intervention auprès des instances politiques.»
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